Cine : le bonheur d'emma
Simple, généreuse, Emma vit seule, elle élève des cochons qu’elle couve affectueusement, allant jusqu’à les aider à mourir alors qu’elle doit les tuer. Elle est couverte de dettes et sa ferme risque d’être prochainement saisie.
Taciturne et discret, Max passe de la routine de son travail à la tristesse de son appartement. Lorsqu’il apprend qu’il est rongé par un cancer incurable, il vole de l’argent à son patron afin de pouvoir passer ses derniers jours sous le soleil de Mexico. Un malencontreux accident le propulse dans les bras d’Emma.
Le film repose sur cette rencontre, inattendue, inespérée, à la fois violente et incandescente. En se retrouvant face à face, dans un premier temps Emma et Max, aussi timides l’un et l’autre, s’observent, se rejettent, puis, soudainement, leurs deux solitudes se rejoignent.
LE BONHEUR D'EMMA
Un film de Emma Glück, Sven Taddicken
Avec Jördis Triebel, Jürgen Vogel, Hinnerk Schönemann
Date de sortie : 13 juin 2006
Adapté du roman de Claudia Shreiber, c’est avec talent que Sven Taddicken, réalisateur d’origine allemande, a su mettre en scène la rencontre de ces deux personnages que tout opposait et fait de son film une véritable ode à la vie et à l’amour. Il se dégage ainsi du Bonheur d’Emma, son second long-métrage après Mon frère ce vampire, un parfum inattendu d’émotion, une sérénité étrangement saupoudrée d’un brin de cruauté. La force de sa mise en scène repose en effet sur le fait qu’il ne cesse de casser habilement la mélancolie qu’il en ressort parfois, laissant juste l’émotion nous gagner pour la rompre dans la minute qui suit par une petite pointe de cynisme, un retournement humoristique, une pincée de cruauté qui rythment son récit, viennent habilement atténuer la tristesse de certaines séquences, les empêchant de devenir trop larmoyantes. Se reposant sur un sujet de société grave et actuel, le cinéaste réussit ainsi à éviter les lourdeurs d’un plaidoyer pompeux pour en faire au contraire une œuvre poignante où seule la vie compte.
Si la prestation de Jürgen Vogel est excellente, d’une sobriété étonnante qui rend sa présence particulièrement touchante, on se laisse littéralement saisir par la personnalité d’Emma et le jeu de Jördis Triebel, dont c’est le premier rôle et qui est tout simplement sublime. Bouleversante, elle porte magnifiquement ce rôle peu évident dont elle a su trouver la profonde simplicité terrienne. Elle réussit à être tout aussi crédible dans la puissance de la femme de ferme vidant un cochon, transportant un homme blessé sur ces épaules, que dans la grâce naïve de l’amoureuse se parant pour un dîner aux chandelles. Elle s'enflamme ainsi de scène en scène et se laisse toucher par la grâce de l’amour tout comme le spectateur se laisse emporter par cette rencontre entre deux êtres broyés qui brusquement s’illuminent. De l’inattendu naîtra le romantisme, du romantisme s’échappera une tragique brutalité. Le cinéaste jongle habilement avec nos sentiments. Une jolie surprise, aussi inattendue que cette rencontre, qui confirme, après La vie des autres, que le cinéma allemand est en plein essor.
Taciturne et discret, Max passe de la routine de son travail à la tristesse de son appartement. Lorsqu’il apprend qu’il est rongé par un cancer incurable, il vole de l’argent à son patron afin de pouvoir passer ses derniers jours sous le soleil de Mexico. Un malencontreux accident le propulse dans les bras d’Emma.
Le film repose sur cette rencontre, inattendue, inespérée, à la fois violente et incandescente. En se retrouvant face à face, dans un premier temps Emma et Max, aussi timides l’un et l’autre, s’observent, se rejettent, puis, soudainement, leurs deux solitudes se rejoignent.
LE BONHEUR D'EMMA
Un film de Emma Glück, Sven Taddicken
Avec Jördis Triebel, Jürgen Vogel, Hinnerk Schönemann
Date de sortie : 13 juin 2006
Adapté du roman de Claudia Shreiber, c’est avec talent que Sven Taddicken, réalisateur d’origine allemande, a su mettre en scène la rencontre de ces deux personnages que tout opposait et fait de son film une véritable ode à la vie et à l’amour. Il se dégage ainsi du Bonheur d’Emma, son second long-métrage après Mon frère ce vampire, un parfum inattendu d’émotion, une sérénité étrangement saupoudrée d’un brin de cruauté. La force de sa mise en scène repose en effet sur le fait qu’il ne cesse de casser habilement la mélancolie qu’il en ressort parfois, laissant juste l’émotion nous gagner pour la rompre dans la minute qui suit par une petite pointe de cynisme, un retournement humoristique, une pincée de cruauté qui rythment son récit, viennent habilement atténuer la tristesse de certaines séquences, les empêchant de devenir trop larmoyantes. Se reposant sur un sujet de société grave et actuel, le cinéaste réussit ainsi à éviter les lourdeurs d’un plaidoyer pompeux pour en faire au contraire une œuvre poignante où seule la vie compte.
Si la prestation de Jürgen Vogel est excellente, d’une sobriété étonnante qui rend sa présence particulièrement touchante, on se laisse littéralement saisir par la personnalité d’Emma et le jeu de Jördis Triebel, dont c’est le premier rôle et qui est tout simplement sublime. Bouleversante, elle porte magnifiquement ce rôle peu évident dont elle a su trouver la profonde simplicité terrienne. Elle réussit à être tout aussi crédible dans la puissance de la femme de ferme vidant un cochon, transportant un homme blessé sur ces épaules, que dans la grâce naïve de l’amoureuse se parant pour un dîner aux chandelles. Elle s'enflamme ainsi de scène en scène et se laisse toucher par la grâce de l’amour tout comme le spectateur se laisse emporter par cette rencontre entre deux êtres broyés qui brusquement s’illuminent. De l’inattendu naîtra le romantisme, du romantisme s’échappera une tragique brutalité. Le cinéaste jongle habilement avec nos sentiments. Une jolie surprise, aussi inattendue que cette rencontre, qui confirme, après La vie des autres, que le cinéma allemand est en plein essor.
S. Wittmer, B. Cot
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