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08/06/2007

LE FIGARO MAGAZINE (****)

Certains petits films ont la grâce. Avec trois fois rien, ils parviennent à nous emporter. Ici, le plaisir est multiplié, car, découragé par un générique imprononçable et un scénario a priori sinistre, on réalise qu'on aurait pu passer à côté. La fin de vie d'un concessionnaire automobile chez une éleveuse porcine n'engendre pas, d'emblée, un enthousiasme délirant. Bien à tort : Le Bonheur d'Emma est tout simplement épatant. Il raconte de façon drôle et subtile la rencontre de deux âmes esseulées. La première, c'est Emma, une campagnarde trentenaire et misanthrope qui, à force de ne parler qu'à ses cochons, est presque devenue autiste. Maternelle avec les bêtes, elle est féroce avec les humains, qu'elle accueille à coups de chevrotine lorsqu'ils ont l'imprudence de mettre un pied dans la cour de sa ferme. Pourtant, lorsque Max atterrit sous ses fenêtres en pleine nuit à la suite d'un accident de voiture, Emma voit immédiatement le blessé comme un don du ciel. Un cadeau qui ne lui pèsera pas longtemps : il est atteint d'un cancer et ses jours sont comptés ...

L'agonie n'est pas un sujet facile. Mais, en filmant les petits riens du quotidien, le réalisateur prouve que tragédie et comédie peuvent coexister, que l'honnêteté et la fantaisie ne sont pas forcément antinomiques, et qu'une langue acerbe peut flirter avec la poésie. Outre l'émotion et le cocasse de certaines situations, c'est surtout l'interprétation des deux acteurs qui subjugue. L'héroïne, Jördis Triebel, crève l'écran par son naturel désarmant. Son visage expressif et lumineux se marie parfaitement à la présence discrète mais intense de son partenaire, Jürgen Vogel. Impossible de ne pas être ému par l'histoire de ceux-là, à la fois triste et pleine d'espoir. Récompensé à Séville, Paris ou Valenciennes, Le Bonheur d'Emma se répand déjà.

Clara Géliot

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